Solidarité pour la Promotion d’une Agriculture Durable
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COPAD : La myciculture pour une bonne alimentation

La myciculture est une culture très peu connue au Burundi. Avec le temps, elle commence à apparaître dans certaines cuisines. Bien qu’elle commence à gagner le pas à très faible allure, elle est l’une des denrées alimentaires riches en nutriments avec une panoplie de vitamines. Riche en calories, cette denrée alimentaire contient des glucides, des protéines, des lipides et des fibres alimentaires. Elle peut aussi être un complément alimentaire fiable pour lutter contre la malnutrition observée chez les enfants de moins de 5 ans et chez les mères allaitantes. En outre, la culture de champignons devient aussi une source de revenu fiable et rapide pour les micros exploitants ruraux avec un prix de vente variant de 3 500 à 5 000 Fbu le kg.      

La Coopérative COPAD a initié récemment la culture des pleurotes, une des variétés de champignons comestibles connue et appréciée pour ses vertus alimentaires et anticancérigènes. Expérimentée pour la première fois dans des ballottes en plastique par Magos Ngabirano, un jeune bénéficiaire du consortium SOPAD, les résultats sont à encourager. Il a fait une champignonnière de 500 ballottes par tour à récolter sur une période de 21 jours. Sur son petit champ de 5 m sur 2m, il parvient à atteindre pendant 70 jours des ventes gravitant autour de 5 000 Fbu par jour. Si la fermentation a été bonne, il doit juste attendre une durée de couvaison d’une poule pour faire ses premières ventes.       

Des rumeurs autour du champignon

La culture du champignon a été introduite au Burundi en 2010. Des réticences restent fortes pour la consommation de cette denrée surtout pour la population rurale qui fleurit des rumeurs du pleurote comme quoi incomestible. Dans certaines régions, il est même affirmé que la consommation du champignon jette un mauvais sort d’où d’ailleurs la fameuse phrase fétiche « Nsubiza aho unkuye ».

Selon Magos Ngabirano, le défi ne réside pas dans la culture du champignon, il réside par contre dans la mentalité des burundais à pouvoir intégrer cette plante nutritive dans le menu du jour. Pour ceux qui le connaissent bien, le champignon est très bien pour la santé et les femmes enceintes et allaitantes sont appelées à le consommer régulièrement. La COPAD suit un mouvement cultural du champignon introduit en 2010 par l’Appui au développement intégral et à la Solidarité sur les Collines (Adisco) et sensibilise ses bénéficiaires à la lutte contre la malnutrition par l’utilisation des denrées à leur portée. Un autre défi réside au niveau de la préparation de cette denrée qui peut être consommée suivant plusieurs formules, fraîche, séchée, moulu. La COPAD fait donc des recherches sur la transformation de la farine de maïs complète enrichie aux champignons ainsi que la farine de bouillie fortifiée en nutriment par ce complément alimentaire.     

Une source de revenu plutôt qu’un art culinaire  

La culture du champignon est une culture qui n’exige pas beaucoup de ressources. Magos Ngabirano confie avec des mots élogieux les effets financiers de son petit champ de champignons dans une petite cabane à Mutanga Nord. Tout d’abord, la culture du champignon ne peut pas durer plus de 2 mois et ceci fait d’elle, un projet qui rapporte des fruits et des dividendes en très peu de temps.  

Pour faire pousser le champignon, notre cultivateur commence par faire lui-même des semences qu’il élève dans de bocaux en verre. Ensuite, il rassemble des restes du coton ou de la paille de riz battue qu’il cuit à température moyenne dans un fût pour faciliter la pasteurisation. Une fois, sa recette prête, il charge son substrat dans des ballotes en plastique en évitant toute entrée d’air susceptible de corrompre le processus. Dans 4 ou 5 coins de la ballotte, les semences sont introduites dans le substrat et la ballotte est hermétiquement scotchée. Les ballottes sont minutieusement entreposées sur des étagères en lattes de bois, dans un endroit frais et humide à l’abri du soleil. Après 21 jours, les premiers champignons sont cueillis. Une ballotte bien faite produit en moyenne 2 à 3 kg. Une champignonnière de 500 ballottes produit entre 1 000 et 1 500 kg en 90 jours tandis que le coût d’entretien d’une ballotte revient à 2 000 Fbu, il peut produire jusqu’à 10 000 Fbu.

Pour tout jeune entrepreneur comme Magos Ngabirano, l’écart entre le prix de vente et le coût de revient de son business laisse entrevoir une marge non négligeable en termes de revenus pour booster le business des jeunes qui se lamentent comme quoi, ils manquent de capitaux de démarrage.

L’intention de Magos n’est pas seulement de générer des revenus avec sa cabane de champignons, plutôt c’est de sensibiliser les autres jeunes à être conscients des opportunités qui se présentent tout près d’eux mais qui ne sont pas exploitées par ignorance. En plus, il veut apprendre cette technique aux jeunes filles et femmes bénéficiaires de la COPAD afin qu’elles puissent produire du pleurote par elles-mêmes et ainsi lutter contre la malnutrition sévère qui fait rage dans les familles surtout chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes.

Par la facilité d’exploitation de la myciculture, si tous les jeunes et les femmes en proie au sous-emploi s’y mettaient, tout le pays pourra satisfaire sa consommation locale et par ailleurs penser à l’exportation à travers l’Afrique et le monde afin d’apporter des devises au trésor public.                

La Rédaction, ID